Les visionnaires (en fait surtout Malraux) nous l'avaient dit "le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas"... Pour l'instant, vu la fréquentation des lieux de culte et si on ajoute le covid et sa petite mise en pause de notre univers, on peut se demander si, en fait, on n'aurait pas choisi la seconde option.
Si vous regardez en même temps les surfaces de forêts brûlées ces dernières années (certains ont parlé de pyrocène juste après l'anthropocène), puis la surface de la calotte glaciaire, et que vous ajoutez que nous venons de passer le jour du dépassement, vous commencez peut-être à vous forger une certitude...

Pourtant on vous l'avait bien dit, s'il ne devait pas forcément être spirituel, le "monde d'après" serait forcément... après ! Et nous, sympathiques innocents, nous avons cru qu'"après", c'était maintenant! Mais non, constitutivement, "après" c'est plus tard... Et pour le moment, nous dit-on, c'est "business as usual".
Ah, c'est ballot la sémantique, alors qu'il aurait suffi de parler du monde de maintenant !


Notez bien qu'en général et dans le monde ludique en particulier on n'est pas forcément contre le business, parce que dans nos camarades ludochons, il y a des auteurs, des éditeurs, des vendeurs, des commentateurs, des revendeurs et même d'excellents animateurs (Ouaip, c'est assez "select" les ludochons). Pour tout dire, si il peut y avoir un peu de travail dans ce domaine et que ceux-ci puissent vivre dignement et donc arriver souriant à nos séances, cela ne nous dérangerait pas trop (voire pas du tout, voire on serait même content pour eux).

Ce qui nous gène un peu plus, cela serait plutôt, le "as usual", qui ne semble pas être un signe de progrès, à moins qu'on puisse qualifier ainsi un certain emballement !
Chez certains éditeurs, pendant le confinement, les jeux devaient être dans des paquebots entre deux eaux, et ils semblent être tous arrivés en même temps et on semble vouloir les écouler au plus vite, ce qui peut s'expliquer par d'excellentes raisons "ludiques", nourrir la soif inextinguible du ludopathe ( ou plus prosaïquement, j'en ai peur, par des raisons "comptables", c'est du stock et donc un coût).
Bref, le monde moderne semble être reparti à pleine vitesse et certains jeux ne devraient pas avoir beaucoup de temps pour s'imposer et finiront sûrement dans l'équivalent hard-discount d'un pilon ludique.

Pire, pendant ce temps d'inactivité, où nous n'avons pas pu nous rendre dans les boutiques, certains semblent avoir pensé que cela pouvait être le bon moment de se livrer à quelques campagnes participatives. Pas idiot ! On l'a déjà évoqué ( ou ) ce mécanisme permet le meilleur (sortir des jeux improbables) comme le pire (sortir des jeux fort logiquement improbables).

Mais là, la concurrence étant de plus en plus rude, on se livre à une sorte de frénésie avec sa propre inflation... Plus de plastique, plus de trucs et encore plus de bidules... À une époque, on se demandait pourquoi certains jeux avaient d'aussi grandes boites (presque vides), maintenant, pour éviter de se poser la question, on se doit de les remplir.... Mais, se poser des questions, est-ce-que cela n'est pas "très XXème siècle" ?
Cependant, techniquement parlant, joue-t-on plus à un jeu qui fait 5 kilos que 100 grammes? Les plus anciens se souviennent de boites modestes contenant quelques meeples en bois, ou quelques cartes ayant permis quelques heures de jeux... Et que dire de jeux de cartes tarot ou belote, usés jusqu'à la trame.... Certes, on nous dira que les jeux sont meilleurs, et on évitera de se poser trop de questions (mais on ajoutera quelques émoticônes).

Salade 2 points, janv. 2020 Quelques cartes seulement....

On a parfois l'impression d'une course pour la survie : plus de matériel, vous assurera une meilleure presse qui vous assurera plus de "backers" et peut-être d'être parmi les survivants (en général ou dans l'édition), certes, mais dans un monde rempli de plastiques.

À ce stade, certains voudraient peut-être que nous vous apportions la bonne parole, mais (pauvres fous!) qui pourrait nous faire confiance (le blog des ludochons a souvent prouvé sa superficialité assumée) !
Regardez votre modeste serviteur, il a lui aussi craqué et pré-commandé un jeu auquel il ne pourra sûrement jamais jouer, et au moment où il se demandait si tout cela était raisonnable et où il commençait à être tourmenté par la honte et par sa faiblesse de cliqueur compulsif, il a reçu un message triomphal l'informant que grâce aux efforts conjugués d'autres désespérés il allait pouvoir bénéficier de X figurines supplémentaires parfaitement superfétatoires (pour la rime et pour exprimer le sentiment, le tout est un déprimant suppositoire).

Bref parfois on se prend juste à rêver que le monde moderne ne ressemble pas à une douce dinguerie où on peut trouver des raisins emballés grain par grain, à mettre dans des cocktails internationaux, à boire dans des piscines refroidies au pain de glace, tout en communiquant en 5G avec son seau à glace (si, si).... Dans cet univers, on aimerait pourvoir profiter, sagement, du moment de détente que constitue notre loisir.

Néanmoins, réjouissons-nous ! Ce qui est sûr c'est que le monde du jeu saura s'adapter, ainsi d'ici quelques années, je vous prédis, que si jeu il y a, les thèmes sur la fin du monde, les zombies et autres devraient céder la place à des thèmes plus exotiques, la pousse des forêts, le ski, la pèche, etc...

CO2, le jeu, déc. 2012 Le CO2 en 2012...

Notes (plus) importantes :

  • Annulation du week-end de septembre
  • Modalités de "reprise" pas encore connues (bientôt, bientôt,...).
  • Surveillez le forum et la liste de diffusion !